"L’avantage principal des locks c’est que tu es toujours coiffé"
Qui es tu ?
Yann Stéphane, 26 ans et designer graphique depuis 2 ans.
Pourquoi as-tu choisi les locks ?
C’est arrivé par hasard, au début c’était une afro sans projet capillaire et des nœuds ont commencé à se former et tout étant en cours je me suis dit quitte à faire les nœuds autant bien les faire, du coup j’ai eu un départ de locks sans savoir moi-même ce que c’était que des locks du coup en vrai ce sont les gens qui m’ont dit que j’avais des « bébés locks » (rires).
Tu les as depuis combien de temps ?
C’est ma 4ème année là.
Tu as galéré au début à les entretenir, à les faire pousser correctement ?
Ce qui est difficile dans les locks c’est de faire en sorte que ce soit présentable, net, et pas à la « roots » comme le font les jamaïcains, à la Bob Marley. Or moi je voulais vraiment que ce soit net et présentable du coup c’est ce qui a été galère.
Tu as choisi d’avoir des locks fines ?
Hum... non, parce que les nœuds sont partis d’une afro que je ne peignais pas, les locks se sont fait en fonction de mon grain de cheveux. Tout simplement. Du coup certain ont un grain pour des locks plus fines d’autres elles seront plus épaisses, du coup moi, c’est cette taille.
C’est quoi ta routine capillaire ?
Ça varie en fonction de la longueur. Au tout début c’était du crêpage, c’est à dire de la glue végétale de Capilocks Center, qui est un des magasins spécialisés, un des plus connus sur paris, près de République, et eux ils m’ont donné une glue végétale 100% naturelle. Tu mets du produit dans tes cheveux et avec une serviette, juste après le shampooing tu tournes, c’est ça le crêpage. Du coup pas de crochet, c’est juste du crêpage de façon à ce que la locks fasse déjà de bons nœuds.
Maintenant avec ma longueur, toutes les deux semaines et demi je fais un shampooing et je tourne mes locks avec Lock & twist gel de ORS… c’est du gel à ne pas confondre avec les graisses ou autres trucs comme la wax qui sont des graisses qui laissent des résidus, le gel est principalement composé d’eau du coup ça ne laisse pas de résidus dans la locks.
Quels sont les avantages et les inconvénients ?
L’avantage principal pour moi des locks c’est que tu es toujours coiffé. Si tu as utilisé les bons produits dès le départ tu n’as pas de problème de casse. Pas besoin de visite régulière chez un coiffeur qui te prendra 10€ à chaque fois. Il y a un avantage financier et un gain de temps.
L’inconvénient c’est que environ toutes les deux semaines et demi je dois prendre 3 heures pour tourner mes locks moi-même. Et mise à part les mœurs, bien que j’aie des locks je ne suis pas du tout « rasta ».
En France, selon toi est-ce que c’est difficile d’assumer des locks ?
Ca dépend de quelle manière on les a faites. Quelqu’un qui aura des locks « roots » dans un certain milieu va avoir du mal à les assumer mais s’il ne traine qu’avec des rastas il te dira qu’en France c’est facile à assumer.
Moi qui ait la chance de pouvoir côtoyer plusieurs ambiances je dirais que non, contrairement à certaines cultures avoir des locks en France c’est avoir un caillou dans sa chaussure.
Est-ce que cela t’a gêné dans ton univers scolaire et professionnel ?
Non pas du tout ! Ça m’a aidé même ! Dans le sens ou quand tu es face ç quelqu’un qui a des apriori sur les locks combattre ces aprioris amène la personne à porter plus d’intérêt à ce que tu dis ou fais parce que tu es allé au-delà des locks. Et sur le plan professionnel c’est la même chose : il faut combattre les aprioris et les vaincre.
As-tu subi le cliché du renoi à locks fumeur d’herbe et forcément inactif ?
Ah bah oui ! Clairement ! Il suffit que je passe à Chatelet pour me faire appeler « Hey rasta ! », « Timal ! » pourtant je ne suis pas antillais, ou alors c’est « Tu veux de la weed ? », « Tu en vends ? ».
Toute personne qui porte des locks n’est pas forcement rasta. Pour moi c’est plus une coiffure qu’un style de vie.
Tu comptes les garder à vie ?
Franchement je ne sais pas ça va me mener, c’est au feeling. Tout ce que je sais c’est que je n’arrive pas à les tailler, c’est-à-dire réduire la longueur parce que ça fait mal en vrai ! Dans les sens où gagner quelques centimètre de locks ça représente des mois, ce serait couper ca donc je ne sais pas.
Je ne pense pas les garder à vie, mais je ne compte pas les couper dans un futur proche.
Que donnerais-tu comme conseils à celles et ceux qui voudraient se lancer dans cette aventure ?
Le premier conseil c’est de ne pas être pressé. Parce que sinon tu veux tout le temps mettre des produits. Or non, les locks il faut les laisser respirer, il faut les laisser vivre. Etre pressé peut aussi amener à utiliser des produits agressifs comme la wax. Avec ses produits les locks seront nickel pendant 3 ou 4 ans mais le problème c’est que pendant ces 4 années les locks auront cumulé des couches de résidus qui vont commencer à étouffer la locks, elles risquent de tomber, s’affiner, se désagréger.
Il faut privilégier le gel qui est principalement composé d’eau.
Et enfin la régularité pour avoir des locks présentables, avec lesquelles on peut aller travailler.
Il faut savoir qu’il y a plusieurs façons de tourner ses locks. Pour moi le mieux c’est de combiner le gel et le cochet parce que trop faire de crochet ça affine et fragilise la base de la locks du coup pour éviter ça, tous les 6 mois on fait les repousses au crochet et entre temps on les fait au gel.